jeudi 30 décembre 2010

pour passer l'hiver...


profondeur sombre des forêts
avec ces sapins enchâlés de neige
ravins aux blanchâtres finitudes
et ces rivières gelées semblables
à de grands chemins pâles

montagnes transparentes au couchant
ma solitude habitée du paysage
ton souvenir en moi
les collines descendues au coeur

je me sens femme et vallée lointaine
et nuit à venir

(Marie Uguay, Signe et rumeur, 1976)

samedi 11 décembre 2010

Un petit mot sur La revanche de May

Le livre m'attirait car il me promettait une espèce de suspense relativement à un manuscrit... et que voulez-vous, j'aime les livres dans lesquels il est question d'un manuscrit secret, de gens qui le cherchent, un peu dans le style de L'Ombre du vent.

Une journaliste se voit remettre un manuscrit par un homme. Touchée par le récit de deux femmes qui se confondent, elle essaie de démêler ces histoires, de retrouver les femmes et les enfants impliqués. La recherche de la journaliste nous entraîne à travers plusieurs histoires - celles de femmes opprimées, celles d'enfants laissés à eux-mêmes, abandonnés, violentés.

On y croit, à ce récit enchâssé, on est emporté par la langue souple de Nassira Belloula, qui nous prend et nous entraîne là où elle le veut bien, à travers la blanche Alger - pas si blanche, finalement.

Alors je l'ai eue, mon histoire de manuscrit perdu, mais j'ai eu bien plus. Les histoires de ces femmes me rapellent l'importance d'écrire pour transmettre, ne pas oublier, et surtout, pour vivre et survivre.
La revanche de May, éditions de la Pleine lune, 2010, 216 pages.

lundi 29 novembre 2010

L'éternelle chanson (ou Pour bien commencer la semaine)

Voici un extrait de L'éternelle chanson, poème d'amour de Rosemonde Gérard, une poétesse française de la fin des années 1800, début 1900, mariée à Edmond Rostand (l'auteur de Cyrano de Bergerac). Cette femme a écrit des poèmes d'amour dont celui-ci que je reproduis partiellement plus bas, et dont une phrase, Plus qu'hier, moins que demain, est devenue populaire, symbole d'amour éternel, et a été reproduite sur une tonne de médaillons depuis le début des années 1900 pour les amoureux éperdus.
Alors, en l'honneur de Louis-Gilles et Françine, qui ont fêté leurs 40 ans de mariage en fin de semaine, lisons donc cet extrait de poème écrit par une jeune femme de 18 ans que l'on imagine aisément complètement amoureuse de monsieur Rostand (qui lui écrira sur l'amour aussi... ), laissons-nous emporter, rien qu'un peu :

Lorsque tu sera vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs,
Au mois de mai, dans le jardin qui s'ensoleille,
Nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants.
Comme le vent nouveau mettra nos coeurs en fête,
Nous nous croirons encore de jeunes amoureux,
Et je te sourirai en branlant la tête,
Et nous ferons un couple adorable de vieux.
Nous nous regarderons, assis sousnotre treille,
Avec de petits yeux attendris et brillants,
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs.

[...]

Et comme chaque jour je t'aime davantage,
Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain,
Qu'importeronta lors les rides du visage ?
Mon amour se fera plus grave - et serein.
Songe que tous les jours des souvenirs s'entassent,
Mes souvenirs à moi seront aussi les tiens.
Ces communs souvenis toujours plus nous enlacent
Et sans cesse entre nous tissent d'autres liens.
C'est vrai, nous serons vieux, très vieux, faiblis par l'âge,
Mais plus fort chaque jour je serrerai ta main
Car vois-tu chaque jour je t'aime davantage,
Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain.

mercredi 17 novembre 2010

Petit voyage en bus avec des livres...

Je ne parlerai pas de l'autobus de ville, dans lequel on est «pognés», mais celui, plus précisément en fait, de Montréal à Rimouski, que j'ai pris le week-end dernier. À force de lire du Gabrielle Roy, j'en étais venue à rêver de prendre le bus comme elle prenait le train, de regarder les paysages, de m'en nourrir, de me sentir toute pleine de cette mer (ou le fleuve) que je verrais, et les rives, les plages, les montagnes, etc.
Et c'est ce qui est arrivé.
Non seulement ai-je été éblouie du paysage qui défilait sous mes yeux, vraiment, mais en plus, j'ai eu le temps de lire plein de livres. Deux de Gabrielle Roy justement (quand on est concept, on est concept), Ces enfants de ma vie et De quoi t'ennuies-tu Evelyne ?, et L'homme blanc de Perrine Leblanc.
Trois bons livres dont je dois avouer que j'ai préféré L'homme blanc (mais j'en reparlerai plus tard, de ce livre), même si je suis depuis peu une fan finie de madame Roy (en particulier La route d'Altamont et La détresse et l'enchantement).
Je suis tout de suite tombée amoureuse avec Gabrielle de ces grands espaces qu'il fait bon visiter, de temps en temps, en train, ou en autobus, relâché, parfois somnolent, puis revenant à notre lecture, notre musique, notre tranquille déplacement. J'en avais des envies de pastiche de Gabrielle Roy, j'avais envie de décrire le fleuve et les montagnes comme elle écrit la plaine, l'horizon, comme vivants, et tout ce qu'ils peuvent générer chez le fin observateur.
Au retour, j'ai écouté de la musique et lu Maleficium, de Martine Desjardins. J'ai adoré ! Est-ce que le ronronnement de l'autobus m'a fait tant de bien ? Je le crois oui, aidé des livres qui m'ont accompagnée Montréal-Rimouski, Rimouski-Montréal.
Ces voyages ne sont jamais, me semble-t-il, sans un voyage intérieur. Mais peut-être me suis-je emportée un peu, un peu trop... je l'ignore. Quoi qu'il en soit, n'avons-nous pas parfois besoin de rouler ainsi, et de s'abreuver d'espace, de temps, pour lire, réfléchir, laisser toutes sortes de personnages nous habiter comme il se doit ?
Prochaine destination : Salon du livre de Montréal ; de l'espace, oui, mais une autre sorte d'espace, rempli de livres, encore et encore, et de lecteurs qui, je l'espère, passerons par le stand du Noroît et de la Pleine lune, mes chouchous !

vendredi 15 octobre 2010

La Recrue du mois est un Webzine !

La Recrue du mois, pour souligner sa 4e année d'existence, change de style. En effet, de blogue, elle passe à Webzine. Chaque 15 du mois, une recrue, des repêchages, des chroniques, des nouvelles, des entrevues... en plus d'un nouveau site, plus beau, sobre et clair que le premier !
Je suis bien contente de cette évolution. Visitez le site : www.larecrue.net et promenez-vous ! Ce mois-ci, la recrue est Jean-François Caron, avec son roman Nos échoueries, à la Peuplade.
Une belle lecture d'automne, un univers qui m'a plu, plein de poésie (le romancier est aussi poète), ce qui n'est pas pour me déplaire.
Enfin, la mission de la Recrue demeure la même : donner de la visibilité aux nouvelles recrues dans le monde du livre... qui en ont, ces temps-ci, bien besoin ! Voyez d'ailleurs mon commentaire du livre Un roman grec, de Lucie Ledoux, un premier livre que l'on n'oublie pas. Alors, qu'attendez-vous : www.larecrue.net

samedi 18 septembre 2010

Le meilleur des mondes

L'expérience, ce n'est pas ce qui arrive à quelqu'un, c'est ce que quelqu'un fait avec ce qui lui arrive.
Aldous Huxley

vendredi 17 septembre 2010

Recrue !

Dernière mouture de cette version de La Recrue du mois, en suivant ce lien : http://www.larecrue.net/

Car à partir du 15 octobre prochain, une nouvelle formule : un webzine, une recrue, des repêchages, des chroniques... à suivre !

Pour l'instant, faites un petit tour par le site pour vous donner une idée de ce que raconte cette Brigitte des Colères, une ado pas facile, une ado parfois attachante, parfois terriblement détestable.. à vous de juger !

dimanche 12 septembre 2010

Lu dans la montagne secrète

La palpitation des herbes, l'éclat soyeux de l'eau, l'ample respiration de la vallée, est-ce que tout dans la nature n'était pas ce soir vastes appels ?

jeudi 9 septembre 2010

Plongée


J'ai lu dernièrement La petite et le vieux, de Marie-Renée Lavoie. Je l'ai dévoré, j'ai vraiment adhéré à cet univers, complètement happée par la petite, le vieux, les personnages secondaires... même Lady Oscar, j'avais envie de la connaître ! L'auteure a vraiment su captiver son lecteur, et c'est une chose, mais elle le fait avec une écriture fluide, ça se lit tellement bien ! Et les dialogues, qu'il n'est pas si facile de rendre dynamiques, le sont totalement !

Vraiment, j'ai adoré Hélène et son univers. Rendez-vous sur le site de la recrue pour mon commentaire complet :

Vous ne serez pas déçus !


Sur ce, je retourne à Gabrielle Roy, dans laquelle je suis replongée depuis quelque temps. J'avais lu La montagne secrète au Cégep, mais je n'avais pas beaucoup aimé, je l'avoue... et là, j'y reviens, et ça fonctionne. Comme quoi il y a bien un «timing» pour la lecture, une prédisposition... enfin. Là, c'est mon moment Gabrielle Roy. Il y a des livres d'elle partout dans mon appartement !

Après La montagne secrète et La rivière sans repos ( non mais quel beau titre - et quel livre, quelle écriture... bref je me répète), je me lance dans Alexandre Chenevert ou bien La petite poule d'eau, j'hésite encore...

dimanche 15 août 2010

Trahir ou ne pas trahir, là est la question

La recrue du mois d'août est Agnès Gruda, qui vient de publier son premier recueil de nouvelles : Onze petites trahisons. Voyez ce que les membres de la Recrue en ont pensé sur le site : http://www.larecrue.net/
En voilà une, de critique, la mienne, à propos de ce livre :
Il nous est arrivé à tous de trahir, d'être trahi, ou pire : s'être trahi soi-même. Il y a là, vous dites-vous peut-être, matière à écrire. C'est ce qu'a fait Agnès Gruda - et d'une main de maître - dans ce premier recueil de nouvelles publié chez Boréal. Elle réussit à mettre en scène de façon toute naturelle ces trahisons qui, parfois, sont effectivement petites ; ou alors plus importantes, lourdes à porter. Comme celle de Sophie, la narratrice de « L'attente » qui, au chevet de sa mère, fera de percutantes révélations.
Il y a ces moments où l'on hésite ; ceux où tout pourrait changer, où l'on sait que tout va changer. Des instants avortés, qu'on a laissés passer : « Un instant qui ne pouvait plus revenir en arrière, juché au bord d'un geste inéluctable. » Des portes se ferment, s'ouvrent ; on y entre ou pas. Ce sont ces instants-là que Gruda capture - oui, elle les capture - avec sensibilité, acuité, justesse. Et l'écriture est à la hauteur : très juste également, fluide. Onze petites trahisons se lit bien, très bien même, et en même temps, on s'arrête après une nouvelle, pour réfléchir un peu. Question de rester, encore un moment, dans l'atmosphère que l'on vient de quitter, prégnante, crédible.
« Un prénom simple » a particulièrement attiré mon attention : une jeune adolescente se rend à un camp de vacances où elle changera beaucoup... c'est cela, le début de l'adolescence, me suis-je dit. On y croit. C'est comme le reste du recueil : les personnages sont bien ficelés, ils ont de l'épaisseur, de la densité. Ils sont si humains, terriblement humains : parfois décevants, parfois beaux, touchants, raisonnables, ou pas du tout...
Onze petites trahisons est donc à ajouter à votre liste de lectures à venir. Il y a de la maturité dans ces nouvelles, et à la fois une candeur indéniable : « Comment faire pour s'ouvrir sans tomber dans l'obscurité ? »

samedi 7 août 2010

Un livre pas policier


Il faut lire Seul le silence. Je ne saurais en dire trop sur Joseph Vaughan, personnage sensible et attachant que l'on suit de l'enfance jusqu'à l'âge adulte, alors que, toute sa vie, il sera hanté par des meurtres de petites filles qui ont eu lieu en Georgie, où il est né et a habité de longues années. Ces terribles drames le poursuivent, même jusqu'à New-York, ville vivante et dynamique dans laquelle il cherche à être écrivain, à l'instar de ceux qu'il a lus (Faulkner, Steinbeck....)... ah ! Je ne peux en dire plus, sinon que ce livre n'est pas complètement un roman policier : c'est une fresque, c'est le roman d'une vie ! L'écriture, fluide - la traduction est bonne - nous emporte dans la tête de Joseph, et nous pensons en même temps que lui, ressentons, espérons, avons peur...


Il ne faut pas en dire trop, il faut vous laisser découvrir toutes les subtilités du personnage, et du roman au complet, qui a comme trame de fond, entre autres, la seconde guerre mondiale. Quelle belle construction, à la fois sensible et efficace! Lisez donc Seul le silence, de R.J. Ellory !

vendredi 16 juillet 2010

Le mot du jour

Guilledou : n.m., (du vieux français guiler, tromper). Fam. Vieilli. Courir le guilledou : chercher des aventures amoureuses.

À utiliser avec parcimonie !

jeudi 15 juillet 2010

Jour de Recrue !


La Recrue du mois de juillet est Maxime Collins, avec son roman Comme si de rien n'était. Allez voir ce qu'en ont pensé les autres membres de la Recrue du mois: www.larecrue.net

Voici ma critique de ce livre.



Dire les « vraies affaires »

Quatre personnages loin de chez eux, en fuite, et en quête d'eux-mêmes. Quatre amis qui doivent se retrouver à Montréal. Chaque personnage a son chapitre, indépendant des autres, et les retrouvailles ont lieu dans la cinquième partie. Alors qu'ils sont à l'étranger, ils vivent diverses expériences, pas toujours très belles ni glorieuses, qui les transforment. Pourtant, lors de leur rencontre, ils font tous comme si de rien n'était...

Je crois que l'idée est bonne. L'auteur a choisi de découper un moment précis de la vie de ses personnages, tour à tour, pour les faire se retrouver, point culminant du récit. Pour cela, c'est réussi. Ils cachent leurs déboires, plutôt gênants - la plupart de ceux-ci ont un rapport avec la sexualité - incapables de se dire en face « les vraies affaires ». Il me semble qu'effectivement, cela arrive souvent chez plusieurs personnes... Il y a donc des moments d'une belle justesse dans ce livre. Pourtant, j'ai trouvé l'écriture somme toute scolaire: cela aurait pu être resserré à certains endroits, développé à d'autres. Et quelques clichés m'ont agacée.

Mais en dépit de ça, une chose est sûre : Comme si de rien n'était est un premier livre qui se lit bien, fluide et dynamique, avec ces quatre personnages qui se démènent, qui ne veulent qu'être heureux, dont on attend impatiemment les retrouvailles à la fin : le suspense fonctionne, on veut savoir (même si je m'en doutais, je voulais savoir)!

lundi 12 juillet 2010

Exactement

Des moments libres. Toute vie bien réglée a les siens, et qui ne sait pas les provoquer ne sait pas vivre. - Marguerite Yourcenar.

C'est exactement ça, oui.
Alors, provoquons !


vendredi 9 juillet 2010

Marie-Antoinette ?


Oui, oui, vous avez bien lu. Marie-Antoinette. Le film, sans hésitation, oui ! Et aussi, maintenant, le livre. Pas n'importe lequel. Celui d'Antonia Fraser, historienne anglaise.

J'ai dévoré ce livre. Je ne lis pas souvent de biographies - peut-être pas assez souvent, je ne sais pas - mais celle-ci m'a complètement happée. J'ai adoré le film de Sofia Coppola, et cela m'a donné le goût de lire le livre qui l'avait inspirée... j'ai complètement adhéré à l'univers dépeint par Fraser.

Mais quelle femme, cette Marie-Antoinette, qui a abandonné son pays pour faire sien la France ! On a parlé d'elle sans la connaître, et Antonia Fraser replace les choses en leur contexte, d'une écriture fluide, passionnante et passionnée. Vraiment ! On refait le parcours de l'adolescente, puis la femme qu'elle est devenue, les événements qui ont ponctué sa vie, comment, en tant que femme, dauphine, Autrichienne, Reine de France, passionnée, elle a vécu. Cette historienne et auteure aime son sujet, c'est clair. Il y a tout un travail dans ce livre que j'ai terminé alors que j'étais à Paris, éblouie. Par la force de caractère, le courage et la dignité de Marie-Antoinette.

Je lis vraiment de tout. Je n'ai pas toujours besoin d'apprendre quelque chose, pour apprécier un livre, une écriture, une atmosphère. Je n'ai besoin que d'un souffle, une voix, un talent. Eh bien, dans ce livre j'ai tout trouvé, tout !

Une petite lecture historique que je vous suggère, donc !

jeudi 1 juillet 2010

Paris

Je ne suis pas la première à dire : Ah, Paris !
Quelle belle ville... je l'adore.
Je reviens du Marché de la poésie de Paris, qui a eu lieu du 17 au 20 juin à la Place Saint-Sulpice, juste devant la belle église du même nom. Un grand nombre de stands se tenaient là, malgré le froid, la pluie, le vent... aïe! Beaucoup de poètes étaient présents. De belles rencontres.
J'ai profité de mon passage à Paris pour participer au projet sur la condition féminine de Marie-Hélène Le Ny. Elle rencontre des femmes, de différents horizons, fait un portrait, et enregistre leur lecture d'un texte qui les a marquées comme femmes. Sans être nécessairement féministe, ce projet se veut une façon de donner la parole aux femmes. On sait qu'encore aujourd'hui, elles n'ont pas cette liberté partout...
J'ai donc été dans l'atelier de Marie-Hélène Le Ny, et j'y ai lu le poème Adolescence, de Geneviève Amyot, qui chaque fois que je le lis m'émeut.
Je vous laisse d'ailleurs le lien vers le blog du projet :
http://femmesenmouvement.over-blog.com


Adolescence


Dans cet espace que tu as établi
désormais entre nos corps
Je me tiens
Je voyage

De la rigueur de tes ruptures
à l'inévitable de ma perte
je voyage

De tes désirs à mon inquiétude
De tes silences à ma nostalgie
De ta porte close à mes bras vidés

Je t'en prie

Laisse-moi t'aimer encore
comme on aime une petite fille
Encore un peu
Parfois

Dans la persistance heureuse
de nos complicités matrices
je voyage

Tu es belle je suis fatiguée
Pourtant encore si vive je me tiens

Ma jeunesse n'est pas perdue
puisqu'elle est en toi

De tes chants à ma joie je voyage
De tes sarcasme à mes fureurs
De ton amour troublé à mon amour
en désarroi

Ta jeunesse est une pudeur extrême
que je contemple du bout des cils

Tu te caches parchemin précieux
dans la nécessité de ton urne propre

Je me tiens
Sentinelle fragile
Ignorante
Ridée

De la splendeur de tes mouvances
à la ténacité de mes pertes je voyage

De mon enfance saccadée à la tienne
en miracle incomplet

De ta colère de mal entendue
à ma honte de répudiée

De mon sang qui s'en va
à ton sang qui s'en vient
Et je le bénirai
Que tu m'en montres ou non la couleur
je le bénirai
Ton premier livre t'en souviens-tu
C'était Une toute petite dame

Tu seras la première
La toute première dame
Je te bénirai
Puisque nous ne nous berçons plus

De tes danses à mon pas
je voyage
De tes grandeurs à mes gloires
De tes conjugaisons à mes poèmes
De mes espoirs à tes rêves

En cette nouvelle face pour l'amour
Méconnaissable de toute évidence
Dans le nécessité aveugle de l'arrachement
Dans le dur contentement du don
Je me tiens
Sentinelle forte
Fière
Fervente je me tiens
Je voyage
Silencieuse
Au plus ultime de tes feux


Toute l'oeuvre poétique de Geneviève Amyot est disponible aux Éditions du Noroît.
http://www.lenoroit.com/

mercredi 26 mai 2010

L'Immense abandon des plages à la radio française



Une chronique à propos de L'Immense abandon des plages à l'émission française « Des goûts et des couleurs », sur radio Notre-Dame. C'est l'émission du 30 avril 2010.
À la minute 35.00, Yves Chemla parle de L'Immense abandon des plages. Voici le lien :






Juste avant qu'il ne parle de mon livre, Monsieur Chemla parle de celui d'Emeline Pierre, également publié aux Éditions de la Pleine lune, Bleu d'orage.






samedi 22 mai 2010

Le tombeau d'hiver


J'avoue avoir d'abord été attirée par le titre, magnifique, poétique, et puis la couverture, que je trouve superbe. Je ne savais rien du Tombeau d'hiver, roman, que dis-je ! épopée publiée chez Alto, traduite par Dominique Fortier, dont le dernier livre, par ailleurs, m'attends sur ma table de chevet, Les larmes de saint Laurent.

Bref, j'ai commencé Le Tombeau d'hiver et me suis retrouvée dans le désert égyptien, avec Avery et Jeanne, qui s'aiment passionnément, qui aiment aussi partager leurs souvenirs, comme s'ils s'ouvraient l'un à l'autre, avec pudeur et désir. Ils sont à Abou Simbel, où Avery travaille à la reconstruction de deux temples égyptiens. Ainsi l'auteure parle-t-elle des ruines, de la préservation du passé, des destructions puis reconstructions de l'homme, des transformations des lieux que nous habitons, ou que certains sont forcés de quitter... Michaels nous entraîne du Nil vers le Saint-Laurent, en Égypte, au Canada ; elle nous fait rencontrer les nubiens - il est question du déplacement dont ils furent victimes dans les années 1960.

Les amoureux sont donc remplis, vivants, Jeanne est enceinte... ils demeurent sur un bateau, en Égypte, et réfléchissent à la reconstruction de ces temples... est-ce bien ? Est-ce bien de déplacer des peuples ? Des cours d'eau ? Ils se questionnent beaucoup, philosophent... parfois un peu trop à mon goût. Des gens pensent-ils vraiment ainsi ?

Nous rencontrons également Lucjan, racontant Varsovie durant la guerre.

Bref, nous faisons de beaux voyages avec Anne Michaels, qui écrit avec le souci du détail, qui brode, qui tisse, qui ne laisse rien au hasard.

Elle qui est aussi poète nous donne un récit superbement bien écrit, tout en nous apprenant un tas de choses sur l'histoire avec un grand H, mais aussi sur l'histoire des plantes, par exemple, à plus petite échelle.

Un livre à lire à petits coups, tant il y a de choses dans ces quelques 400 pages qui nous emmènent au bout du monde.

vendredi 21 mai 2010

Les femmes et la guerre

Je me demande pourquoi les propos du cardinal Ouellet m'ont donné le goût de lire Les femmes et la guerre, de Madeleine Gagnon. Peut-être pour me rappeler que les femmes savent être fortes et se battre, dans toutes sortes de situations. Et qu'elles n'ont pas fini de le faire, de toutes sortes de manières.

samedi 15 mai 2010

Jour de recrue !

Aujourd'hui, 15 mai, les commentaires de la recrue du mois paraissent ! Il faut voir ce qu'on pensé les lecteurs de J'écris parce que je chante mal, de Daniel Rondeau, publié chez Septentrion.

http://www.larecrue.net/

mardi 11 mai 2010

Dernier poème de L'Outre-vie

J'irai partout ailleurs
l'hirondelle la fumée les roses tropicales
c'est tout le matin ensemble
puis l'homme que l'on aime et que l'on oublie
je serai bien le jour
dans cette moisissure d'or
qui traîne dans toutes les capitales
et le tapis usé les ascenceurs

Je n'ai plus d'imagination
ni de souvenirs forcément
je regarde finir le monde

et naître mes désirs


Marie Uguay, L'Outre-vie

vendredi 7 mai 2010

Une deuxième fois

Deux mois, et on dirait que je n'ai pas écrit depuis des lustres. J'ai eu le temps d'aller au Salon du livre de Paris, où j'ai rencontré plein de gens super du milieu du livre. J'y ai présenté L'Immense abandon des plages, qui a été bien reçu en France. Un ma-gni-fi-que article de Michel Ménaché dans la revue Europe du mois de mars est paru juste à temps pour ma visite à Paris... un beau moment, franchement ! Ensuite, un petit détour par Bordeaux, où j'ai si bien mangé !
Ensuite, j'étais aussi au Salon du livre de Québec, pour le Noroît : là aussi, rencontres, lectures, salon, salon, salon...
Entre temps, j'ai lu deux livres superbes (eh ben j'en ai lu plus que deux, rassurez-vous, mais ils n'étaient pas tous superbes): L'élégance du hérisson, de Muriel Barbery, excellent, surprenant, délicieux, drôle.... je l'ai lu à Paris, en plus, à l'hôtel, dans le métro... ! J'ai totalement «embarqué» dans l'univers des deux personnages si attachants.
J'ai aussi lu, pour une deuxième fois, Le premier jardin, d'Anne Hébert. Je l'avais lu au Cégep (en fait, sincèrement, dans l'autobus menant à Daytona Beach) alors que j'avais 18 ans. Je n'avais pas trop compris, je crois, tout le talent et la force des images que j'ai compris quand je l'ai lu cette semaine, à vingt-huit ans, dix ans presque exactement après ma première lecture. Quelle puissance d'évocation, quelle précision des images, quelle violence sourde dans ces mots parfaitement agencés !
Anne Hébert est pour moi un modèle dans l'écriture, je ne m'en suis jamais cachée. Ces temps-ci, il me prend le désir de relire ses livres que, pour la plupart, j'ai lu au cégep. Peut-être que je vieillis, peut-être que j'ai envie de me plonger dans son univers, poétique, violent, humain... en tout cas, je vous le suggère à tous. Pour moi, c'est chaque fois une lecture nourrissante.

vendredi 5 mars 2010

Un petit vers ce matin...

La ville se déplie et s'irise de tout l'ample délassement de l'air.

Marie Uguay, « Poèmes en prose », Poèmes, Boréal, 2005.

Il est venu avec des anémones

Non mais ! Quel beau titre ! et quel beau livre !
J'ai été happée, comme on dit, par le livre de Lyne Richard, publié chez Québec Amérique. J'ai visité, l'espace de ces presque deux cents pages, Roses-sur-Mer. J'ai humé l'odeur des roses, persistante, magnifique et parfois écoeurante.
Les personnages, toujours au bord de la folie, m'ont touchée, victimes d'une espèce de malédiction : « Ici, à Roses-sur-Mer, on croit que la mer sort ses couteaux la nuit et vient trancher les cordes vocales de ceux qui n'ont plus assez de mots pour la douleur.»
Je n'ai pas été étonnée que Lyne Richard soit aussi poète : ces récits, ces « nouvelles » dont chaque personnage principal habite ou est de passage à Roses-sur-Mer, sont empreints d'une douce poésie. Les mots sont bien choisis, il y a quelque chose de magique, de berçant, de magnifique dans ces courts textes bien ficelés, prenants, touchants.
Je crois que j'attendais d'être à nouveau émue et transportée pour réécrire un commentaire de lecture... et voilà !
Et j'adore l'idée du titre : les anémones, oui, sont de belles plantes à fleurs, mais également des animaux marins carnivores...
Le titre représente parfaitement le contenu. C'est beau, ça coule, c'est significatif sans jamais être lourd.

vendredi 22 janvier 2010

Vu d'ici, tout est petit, de Nicolas Chalifour

Voyez ce que j'ai pensé de ce roman paru aux éditions Héliotrope, et dites-moi ce que vous en avez pensé... j'avoue être curieuse de l'opinion des autres. Mais comme c'est un titre en « repêchage », ce n'est pas tous les membres de la recrue qui font un commentaire...

Allez donc faire un autre tour sur le site de la recrue du mois : www.larecrue.net
pour faire un choix de roman québécois à lire...

Vous pouvez également vous rendre sur le site de la maison d'édition, une jeune entreprise qui publie des romans originaux : http://www.editionsheliotrope.com/



vendredi 15 janvier 2010

Nouvelle recrue

Je vous ai déjà parlé du site Internet La recrue du mois, qui met de l'avant des premiers romans québécois. Je fais maintenant partie de l'équipe de rédaction, et afficherai un commentaire, avec ceux des autres rédacteurs, sur un premier roman québécois, à chaque mois. De plus, il y a une section Repêchage, qui nous permet de faire des critiques d'autres premiers romans, qui n'ont pas été chosis comme recrues.


Dès aujourd'hui, vous pouvez lire nos commentaires sur le premier livre d'Olivia Tapiero, Les murs, publié chez VLB cet automne, qui a remporté le prix Robert-Cliche du premier roman. L'équipe de la recrue se penche donc sur cette première publication.


Pour un auteur, c'est génial que d'avoir plusieurs commentaires sur son oeuvre ! Je parle d'expérience, ayant été moi-même recrue du mois de novembre dernier... j'ai apprécié avoir tous ces commentaires sur mon livre. Cela permet un regard critique sur sa propre création... ce qui ne peut être que bénéfique, ensuite, dans la continuité de l'écriture.



Je considère également qu'il est important de lire nos recrues québécoises. Même si, bien sûr, nous pouvons continuer de lire nos classiques de partout dans le monde... !


Alors, c'est donc un rendez-vous qu'il ne faut ab-so-lu-ment pas manquer :
larecrue.net