lundi 29 novembre 2010

L'éternelle chanson (ou Pour bien commencer la semaine)

Voici un extrait de L'éternelle chanson, poème d'amour de Rosemonde Gérard, une poétesse française de la fin des années 1800, début 1900, mariée à Edmond Rostand (l'auteur de Cyrano de Bergerac). Cette femme a écrit des poèmes d'amour dont celui-ci que je reproduis partiellement plus bas, et dont une phrase, Plus qu'hier, moins que demain, est devenue populaire, symbole d'amour éternel, et a été reproduite sur une tonne de médaillons depuis le début des années 1900 pour les amoureux éperdus.
Alors, en l'honneur de Louis-Gilles et Françine, qui ont fêté leurs 40 ans de mariage en fin de semaine, lisons donc cet extrait de poème écrit par une jeune femme de 18 ans que l'on imagine aisément complètement amoureuse de monsieur Rostand (qui lui écrira sur l'amour aussi... ), laissons-nous emporter, rien qu'un peu :

Lorsque tu sera vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs,
Au mois de mai, dans le jardin qui s'ensoleille,
Nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants.
Comme le vent nouveau mettra nos coeurs en fête,
Nous nous croirons encore de jeunes amoureux,
Et je te sourirai en branlant la tête,
Et nous ferons un couple adorable de vieux.
Nous nous regarderons, assis sousnotre treille,
Avec de petits yeux attendris et brillants,
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs.

[...]

Et comme chaque jour je t'aime davantage,
Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain,
Qu'importeronta lors les rides du visage ?
Mon amour se fera plus grave - et serein.
Songe que tous les jours des souvenirs s'entassent,
Mes souvenirs à moi seront aussi les tiens.
Ces communs souvenis toujours plus nous enlacent
Et sans cesse entre nous tissent d'autres liens.
C'est vrai, nous serons vieux, très vieux, faiblis par l'âge,
Mais plus fort chaque jour je serrerai ta main
Car vois-tu chaque jour je t'aime davantage,
Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain.

mercredi 17 novembre 2010

Petit voyage en bus avec des livres...

Je ne parlerai pas de l'autobus de ville, dans lequel on est «pognés», mais celui, plus précisément en fait, de Montréal à Rimouski, que j'ai pris le week-end dernier. À force de lire du Gabrielle Roy, j'en étais venue à rêver de prendre le bus comme elle prenait le train, de regarder les paysages, de m'en nourrir, de me sentir toute pleine de cette mer (ou le fleuve) que je verrais, et les rives, les plages, les montagnes, etc.
Et c'est ce qui est arrivé.
Non seulement ai-je été éblouie du paysage qui défilait sous mes yeux, vraiment, mais en plus, j'ai eu le temps de lire plein de livres. Deux de Gabrielle Roy justement (quand on est concept, on est concept), Ces enfants de ma vie et De quoi t'ennuies-tu Evelyne ?, et L'homme blanc de Perrine Leblanc.
Trois bons livres dont je dois avouer que j'ai préféré L'homme blanc (mais j'en reparlerai plus tard, de ce livre), même si je suis depuis peu une fan finie de madame Roy (en particulier La route d'Altamont et La détresse et l'enchantement).
Je suis tout de suite tombée amoureuse avec Gabrielle de ces grands espaces qu'il fait bon visiter, de temps en temps, en train, ou en autobus, relâché, parfois somnolent, puis revenant à notre lecture, notre musique, notre tranquille déplacement. J'en avais des envies de pastiche de Gabrielle Roy, j'avais envie de décrire le fleuve et les montagnes comme elle écrit la plaine, l'horizon, comme vivants, et tout ce qu'ils peuvent générer chez le fin observateur.
Au retour, j'ai écouté de la musique et lu Maleficium, de Martine Desjardins. J'ai adoré ! Est-ce que le ronronnement de l'autobus m'a fait tant de bien ? Je le crois oui, aidé des livres qui m'ont accompagnée Montréal-Rimouski, Rimouski-Montréal.
Ces voyages ne sont jamais, me semble-t-il, sans un voyage intérieur. Mais peut-être me suis-je emportée un peu, un peu trop... je l'ignore. Quoi qu'il en soit, n'avons-nous pas parfois besoin de rouler ainsi, et de s'abreuver d'espace, de temps, pour lire, réfléchir, laisser toutes sortes de personnages nous habiter comme il se doit ?
Prochaine destination : Salon du livre de Montréal ; de l'espace, oui, mais une autre sorte d'espace, rempli de livres, encore et encore, et de lecteurs qui, je l'espère, passerons par le stand du Noroît et de la Pleine lune, mes chouchous !