dimanche 20 mars 2011

Un grand voyage


Il y a de ces livres dont on sait, dès les premières pages, qu'ils nous happeront. Pour moi, Aminata fait partie de ce genre de livre que l'on peine à refermer chaque fois, que l'on voudrait lire d'une traite tant c'est bon, bien écrit et sensible.
Aminata est une jeune africaine, pas encore une femme, qui est enlevée, puis traînée sur un bateau négrier. Elle survivra à une traversée irréelle, insupportable. Elle deviendra esclave, subira les pires humiliations, mais demeurera habitée de ce désir : retrouver sa terre natale. L'endroit où elle est née, où elle a été élevée par un père et une mère aimants. Elle se cramponnera à leur souvenir pour survivre :
« Chaque jour, je pensais à mes parents et les imaginais en train de me dire d'approfondir mes connaissances et d'utiliser mes talents. Mon corps appartenait à Robinson Appleby. C'était pour lui que je peinais dans la puanteur de la pâte d'indigo sous le soleil de plomb, dévorée par les moustiques. Mais c'était pour mon père que j'apprenais tout ce que Mamed savait sur la préparation de la pâte d'indigo et c'était pour ma mère que je devins l'assistante régulière de Georgia pour les accouchements dans les îles des basses terres. »

Je pourrais citer plusieurs passages magnifiques, lors desquels elle raconte ses voyages aux États-Unis, en Nouvelle-Écosse, en Afrique et à Londres. Une vie incroyable. Dure aussi.
Aminata est bien écrit, et bien traduit, ce qui mérite d'être souligné. Le texte coule, le texte émeut, nous prend à la gorge. Une telle force dans le récit, dans l'écriture ! Et puis, il y a le travail de l'auteur là-dedans sur la vie des esclaves qui est énorme. Et réussi : Aminata est bien campée, attachante, et profondément, profondément humaine.
Un livre inoubliable, que je suis presque triste d'avoir déjà fini. C'est un grand voyage que ce livre.
Achetez-le, lisez-le. Offrez-le en cadeau. Assurément, vous ne raterez pas votre coup.